Le Sanctuaire de la Vierge des Larmes de Trevi
Le sanctuaire fut construit sur le lieu où il existait la maison de campagne d’un certain Diotallevi di Antonio qui, en 1483, à des fins de dévotion, y avait fait peindre une Vierge à l’Enfant et Saint-François. Le soir du 5 août 1485 quelqu’un vit le visage de la Vierge sillonné de larmes de sang de couleur sanguine. Après le miracle il fut décidé de construire un sanctuaire en mémoire de l’événement avec la contribution de la Commune et de certaines familles de Trevi ; une fois terminé en 1522, il devint un lieu important de vénération de la Vierge. L’édicule d’origine fut transformé en autel de marbres polychromes de l’église et le Saint-François, qui accompagnait la Vierge à l’Enfant, fut recouvert d’une corniche de stuc.
Sur la façade s’ouvre un portail renaissance (1495-1498), créé par le Vénitien Giovanni di Giampietro. À l’intérieur, en croix latine et à une seule nef, de nombreuses chapelles, deux desquelles décorées par deux des peintres ombriens les plus importants de la Renaissance, Pietro Vannucci appelé le Pérugin et le Spagna. C’est au premier qu’appartient la décoration de la seconde chapelle sur le mur de droite de la nef, réalisée en 1521 et représentant, dans les manières typiques du peintre, une Adoration des mages et, sur les côtés, les Saints Pierre et Paul. La composition remanie l’Adoration des Mages dans l’Oratoire des Blancs de Città della Pieve, exécutée en 1504. Les armoiries de la noble famille des Valenti de Trevi sont insérées dans la clé de l’arc. La scène se déroule sur le seuil d’une simple cabane en bois où la Vierge est assise avec l’Enfant Jésus dans les bras et Saint-Joseph à sa gauche. Sur les côtés du trône les deux Mages sont agenouillés au moment d’offrir les fioles, tandis que le troisième est debout, à la droite du groupe sacré. Sur le fond, une plaine idéalisée, entourée de monts, sur laquelle le cortège des Mages serpente, entre des groupes bucoliques de bergers et de troupeaux. Sur l’estrade du trône on peut lire la signature de l’artiste en lettres capitales : PETRUS. DE. CASTRO. PLEBIS. PINXIT. Un couplet à la gloire de la Vierge également en lettres capitales, est peint sur un morceau de pré inférieur : TU SOLA IN TERRIS GENITRIX ET VIRGO FUISTI/ REGINA IN CELIS. TU QUOQUE SOLA MANES. Dans les ébrasements de la chapelle, entre deux niches peintes, les saints Paul et Pierre sont respectivement identifiés par l’inscription inférieure, en mémoire du Caton du Cambio. Ces figures furent certainement voulues par les hommes de Bovara qui avaient acheté la chapelle, car l’église de Bovara était intitulée à Saint-Pierre. C’est à Giovanni di Pietro, appelé Lo Spagna, que l’on doit au contraire le Transport du Christ peint entre 1518 et 1520 dans la chapelle de Saint-François. La scène, tirée du très célèbre panneau réalisé par Raphaël en 1507 pour la chapelle Baglioni de San Francesco al Prato à Pérouse, est surmontée par une lunette avec Saint-Augustin avec des dévots et des anges et entourée des figures des Saints Ubaldo et Joseph. Malheureusement l’état de conservation de la fresque n’est pas optimal car il a souffert les dommages de l’humidité. La scène représente Joseph d’Arimathie, vêtu d’une tunique de couleur bleu ciel, avec un manteau jaune qui soutient le Corps sacré en lui passant les mains sous les aisselles. Nicodème, avec une tunique bleu ciel et un manteau jaune se trouve au premier plan, à gauche. La figure se présente de dos avec le visage de profil. En face, Saint-Jean, avec une tunique verte aux rabats chatoyants, soutient, avec Nicodème, les genoux et les pieds de Jésus. Au milieu, au second plan, et dans une attitude douloureuse et éplorée, Marie-Madeleine, vêtue de rouge, tient soulevé le bras du Rédempteur avec la main gauche, tandis que la droite est ouverte et tendue vers le haut, comme dans une attitude d’invocation douloureuse. La Vierge Mère avec les mains jointes et le visage larmoyant apparaît entre deux autres saintes femmes, Maria de Cléophas et Marie Salomé. La dernière figure de cette partie est celle de Saint-François, vêtu de sa tunique de couleur quasiment blanche. Le Saint Poverello (Petit Pauvre) croise ses bras sur sa poitrine et incline la tête, dans une attitude d’adoration douloureuse. En alternance avec les chapelles il existe des monuments funéraires, raffinés, sculptés sur la pierre calcaire à grain fin, appartenant aux membres de la famille Valenti. C’est à l’initiative de la famille que l’on doit la construction de l’autel de la Vierge des Larmes. L’église, ouverte tous les jours, est gérée par les Sœurs de la Sainte Famille de Trevi.