Le voyage commence au cœur de Pérouse, ville où Gerardo Dottori naquit le 11 novembre 1884. Une plaque située sur la Via del Deposito commémore l’événement et célèbre la contribution de l’artiste, qui sut apporter « de nouvelles couleurs à sa terre » grâce à l’art futuriste.

Le musée municipal de Palazzo della Penna, situé au cœur du centre historique de Pérouse, abrite l’une des plus importantes collections de Gerardo Dottori. Le musée conserve en effet 48 œuvres, peintures et dessins, qui couvrent toute la carrière de l’artiste, des débuts du futurisme à ses créations aéropeinturales les plus iconiques. Cette collection permet aux visiteurs de suivre un parcours chronologique et thématique, explorant les phases les plus significatives de son évolution artistique : des débuts aux œuvres futuristes les plus matures, avec une attention particulière à la période des années 1920 et à l’Aéropeinture des années 1930, mouvement dont Dottori fut l’un des fondateurs et principaux représentants à l’échelle internationale.

La collection du Palais de la Penna comprend également des œuvres d’autres artistes futuristes ombriens, tels que Leandra Angelucci Cominazzini, Alessandro Bruschetti, Enrico Cagianelli et Giuseppe Preziosi, qui ont chacun réinterprété de manière originale l’héritage du maître pérousin. Le musée est en outre enrichi par un important ensemble documentaire, comprenant lettres, photographies, films et autres matériaux historiques, qui reconstruisent le parcours artistique et humain de Dottori et offrent une vue d’ensemble sur les échanges et les influences culturelles entre l’artiste et le contexte international du futurisme.

Dans les jardins nommés Rosa et Cecilia Caselli Moretti, à côté de l’église de Sant’Ercolano, se trouve un buste en marbre de Dottori, œuvre de l’atelier du maître Matteo Peducci. Le buste représente l’artiste à l’âge d’or de l’Aéropeinture, avec un petit avion sur le revers de sa veste, rappelant son adhésion à ce mouvement novateur.

Inauguré par Filippo Tommaso Marinetti, le restaurant fut une véritable nouveauté pour l’époque, devenant un symbole d’avant-garde dans la ville. Les panneaux exposés à l’intérieur des salles de ce restaurant du centre historique de Pérouse racontent l’œuvre extraordinaire que Dottori réalisa entre 1923 et 1924, s’occupant non seulement de l’architecture et de la scénographie, mais également de l’aménagement intérieur, avec des décorations inspirées par la Divine Comédie de Dante dans un style purement futuriste.

Le restaurant était réparti sur trois étages, chacun dédié à une des cantiches de Dante : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis. La salle de l’Enfer se distinguait par des décorations audacieuses dans le style de Depero, comme le diable stylisé avec des formes triangulaires et des flammes multicolores. La salle du Paradis, ou salle Marinetti, arborait des motifs étoilés élégants, un élément que l’artiste reprendra dans d’autres de ses œuvres célèbres. Bien que l’aménagement original ait malheureusement été détruit dans les années 1950 lors d’une rénovation, une reconstruction fidèle peut être admirée aujourd’hui à travers des photos d’époque et des esquisses originales, qui racontent la beauté et l’innovation de ce projet extraordinaire.

Sur Corso Vannucci, sur rendez-vous, il est possible de visiter le Palazzo Graziani, siège de la Fondation de Pérouse, qui abrite une précieuse collection de 18 œuvres de Dottori. La collection comprend certains des chefs-d’œuvre les plus significatifs de l’artiste, notamment son unique autoportrait figuratif.

Dottori fut étudiant de cette académie pendant sa jeunesse, et c’est précisément ici qu’il commença à développer le langage innovant qui ferait de lui l’un des principaux représentants de l’Aéropeinture futuriste. Le musée conserve deux œuvres considérées parmi les plus importantes de sa période futuriste : Canto delle montagne (Chant des montagnes) et Sole sulle torri (Soleil sur les tours), qui expriment clairement le concept de dynamisme futuriste et l’amour de l’artiste pour les paysages ombriens. Le musée de l’Académie des Beaux-Arts offre également une vue d’ensemble sur le contexte culturel et historique, permettant de comprendre pleinement la formation et les influences reçues par Dottori pendant ses années d’étude, alors que le mouvement futuriste commençait à prendre racine en Italie.

À l’intérieur de Palazzo Gallenga se trouve la fresque murale La Lumière de l’Ancienne Mère (1937), qui célèbre le rôle central de Rome dans la culture et l’histoire italiennes. L’œuvre montre Énée à bord de ses navires, regardant la coupole de Saint-Pierre et le Colisée—une allusion directe aux Accords du Latran de 1929. De ces monuments romains emblématiques partent des routes et des aqueducs qui traversent de vastes étendues verdoyantes.

Au premier plan, cinq figures masculines sont représentées en train de construire des structures ; à gauche, Dottori avait donné à l’une d’elles les traits de Mussolini, qui furent ensuite modifiés par l’artiste pour en faire un visage masculin générique après la chute du régime.

En 1946, Dottori fut chargé d’un projet artistique majeur dans cette église. Initialement appelé à décorer la voûte, il réalisa un ciel bleu rempli d’étoiles, conférant à l’espace sacré une profondeur et une spatialité uniques. Plus tard, il fut chargé de décorer le mur derrière l’autel principal, où il exécuta une majestueuse Aéropeinture représentant le lac Trasimène.

L’œuvre combine de manière unique les thèmes futuristes du mouvement et de la lumière avec la tradition picturale ombrienne du XVIe siècle, transformant cet espace sacré en un véritable chef-d’œuvre d’art moderne.

Le triptyque La Mort de Saint François devant la Portioncule (1923) n’a pas été conçu pour l’église du XVe siècle de San Francesco al Monte, où il se trouve aujourd’hui, mais fut réalisé en atelier dans le cadre des recherches que Dottori menait dans les années 1920 sur l’art sacré dans le cadre du futurisme.

Le triptyque, avec sa forme tripartite et son sommet en pointe, rappelle des œuvres similaires de l’époque médiévale, très répandues en Ombrie. Au centre, l’œuvre représente La Mort de François, à gauche Saint François et le loup et à droite Le Sermon aux oiseaux.

Particulièrement intéressant, le panneau central montre le corps de saint François étendu paisiblement sur les collines ombriennes, avec une série de rayons lumineux émanant de la Portioncule et enveloppant le saint. En 1971, l’artiste fit don de l’œuvre à la fraternité de Monteripido, qui la conserve encore aujourd’hui. La deuxième partie du parcours se déploie à l’extérieur du centre historique, dans les environs immédiats de la ville, mais nous vous recommandons de vous déplacer en voiture ou en transports publics.

Les peintures murales intérieures furent réalisées par Dottori en 1943. Sur le mur du fond, au-dessus de l’autel, se trouve une grande image de la Vierge tenant l’Enfant dans ses bras. À ses pieds, deux anges soutiennent une petite église, tandis que des frères mineurs accompagnent des malades à l’intérieur.

Les figures sont plongées dans un paysage ombrien, avec des collines douces, des arbres luxuriants et un lac stylisé vu en perspective fish-eye. Le ciel, réalisé avec une technique divisionniste, confère à l’œuvre un sentiment de sérénité.

Sur la coupole, Dottori a représenté quatre saints connus pour leur dévouement aux pauvres : Saint François d’Assise, Saint Vincent de Paul, Saint Antoine de Padoue et Sainte Anne avec la Vierge enfant. Le décor est dépouillé, éclairé uniquement par des faisceaux de lumière et de grandes croix de verre qui créent des jeux de lumière à l’intérieur.

Un épisode marquant de l’activité artistique de Dottori se situe dans le contexte industriel de la célèbre entreprise Luisa Spagnoli, réputée pour la production de vêtements en angora. En 1947, Mario Spagnoli, fils de la fondatrice Luisa, commanda à Dottori et à d’autres artistes ombriens la décoration de la Città dell’Angora (Ville de l’Angora), un complexe industriel novateur à Pérouse, combinant production et projet social et culturel visionnaire.

Les fresques murales réalisées par Dottori, pour la plupart inédites et récemment dévoilées grâce à Nicoletta Spagnoli, arrière-petite-fille de Luisa, sont une synthèse raffinée entre tradition décorative et innovations futuristes. Ces œuvres sont accessibles sur réservation.

Connue sous le nom d’église de Bellocchio d’après le quartier où elle se trouve, cette église située le long de la Via Pievaiola, non loin de la gare de Pérouse, fut construite en 1905. Elle présente une seule nef décorée de fresques illustrant des épisodes de la vie de la Vierge Marie, réalisées par Dottori en 1928.

Parmi les scènes les plus marquantes figurent La Naissance de Marie, dans un intérieur à la perspective surélevée et au sol quadrillé, et L’Annonciation, divisée en deux compartiments : l’ange agenouillé à gauche et la Vierge à droite, sur une terrasse donnant sur un paysage ombrien. D’autres fresques visibles dans l’église incluent La Vierge en trône avec l’Enfant sur un trône en marbre, La Mort de Saint Joseph et La Fuite en Égypte.